Objectif : valoriser le typha (roseau) du fleuve Sénégal en le transformant en combustible et en matériau de construction, avec le soutien du FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial)… Un projet conciliant accès aux services essentiels, protection de milieux naturels sensibles et lutte contre le changement climatique…
Contexte de la mission
La Direction Europe et International (DEI) de l’ADEME est engagée depuis de nombreuses années dans différents programmes de coopération, visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au sein des secteurs d’activités les plus stratégiques de l’économie.
Au-delà des objectifs d’atténuation et d’adaptation au réchauffement climatique, ces programmes ont vocation à intégrer plus généralement la protection de l’environnement et des milieux naturels, ainsi que l’accès aux services essentiels dans les pays bénéficiaires.
Dans cette perspective, plusieurs programmes ont été menés pour renforcer les politiques publiques des pays partenaires en matière de valorisation des bioressources pour l’énergie et pour la construction, deux secteurs contribuant significativement aux émissions de GES.
A l’occasion de programmes précédemment menés par la DEI de l’ADEME et ses partenaires en Afrique de l’Ouest, un diagnostic a établi l’opportunité de combiner les 3 objectifs (Réduction des émissions de GES ; Protection des milieux naturels ; Accès aux services essentiels) à travers la réalisation d’un ambitieux programme de valorisation du Typha Australis au Sénégal et en Mauritanie.
Le Typha Australis est un roseau à croissance rapide dont la prolifération dans le bassin du fleuve Sénégal s’est fortement accélérée après la construction de barrages (notamment le barrage anti-sel de Diama en 1986), qui ont créé des conditions favorables à son développement. L’ampleur du phénomène et sa dynamique sont inquiétantes sur plusieurs plans :
- Impact sur la santé publique ;
- Sécurité des approvisionnements en eau ;
- Prévention des risques naturels ;
- Maintien de la biodiversité du delta du fleuve Sénégal ;
- Continuité de certaines activités économiques sur le territoire.
Les efforts engagés au cours des trente dernières années n’ont pas encore permis d’endiguer la progression du Typha, malgré le potentiel de valorisation de cette biomasse considérable. Plusieurs projets ont cependant d’ores et déjà permis d’obtenir des avancées significatives en termes de connaissance de la ressource et d’expérimentations pour sa transformation et sa valorisation :
- D’une part en tant que matière première combustible pour la production d’énergie (en Mauritanie) ;
- D’autre part comme matériau de construction aux propriétés isolantes (au Sénégal).
L’enjeu majeur porte désormais sur la structuration d’une filière amont-aval transfrontalière, bénéficiant des acquis sénégalais et mauritaniens.
Le constat d’une nécessaire approche intégrée est partagé par plusieurs acteurs : institutionnels (échelons international, national, local) mais aussi privés (industriels, PME, ONG), appuyés par les acteurs de la Recherche (universités, laboratoires, experts). Tous souhaitent allier leurs connaissances, expériences et capacités d’action au sein d’une initiative ambitieuse et structurante pour la filière typha, au Sénégal et en Mauritanie, à travers le programme TyCCAO : Typha Combustible et Construction pour l’Afrique de l’Ouest.
Pour compléter leurs propres moyens d’action, ces partenaires ont souhaité mobiliser des co-financements internationaux. A cette fin, une mission de conseil et d’accompagnement stratégique a été confiée à Nomadéis en 2016, portant sur le montage d’un dossier auprès du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), géré par l’Agence Française de Développement (AFD).
Ce co-financement ayant été obtenu, complété par plusieurs soutiens dont celui du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), l’ADEME fait à nouveau appel à Nomadéis pour une mission d’accompagnement de long terme (2020 – 2023) visant à assurer la gestion et le suivi du programme TyCCAO, fédérant tous les acteurs internationaux.
Intervention de Nomadéis
L’ambition du projet TyCCAO se décline à travers 4 objectifs, correspondant à sa structuration en 4 volets :
- Affiner la connaissance du fonctionnement biologique de la plante, afin de maîtriser les risques d’envahissement et d’assurer des modes de transformation et de production optimales ;
- Favoriser l’accès à une énergie de substitution, à partir d’une biomasse renouvelable ;
- Contribuer au développement de bâtiments à faible impact environnemental, par leur efficacité énergétique et le recours à des matériaux de construction locaux et biosourcés ;
- Sensibiliser, former et dynamiser les coopérations inter/intra-sectorielles et transfrontalières entre acteurs institutionnels, décideurs publics, industriels, chercheurs et entrepreneurs locaux.
Afin de mener à bien ce projet, Nomadéis a pour mission d’assurer :
- L’animation du projet (mise en place d’espaces de travail collaboratif, mobilisation des différents partenaires, préparation et animation des réunions de coordination en France et à l’international, etc.) ;
- Le suivi et la gestion du projet (calendrier, réalisation technique, livrables, budgets, etc.) ;
- L’élaboration des rapports techniques et financiers aux bailleurs (dont le FFEM) ;
- La recherche de financements complémentaires auprès de bailleurs internationaux (institutions, fondations, etc.), dans une logique d’effet de levier.
Expertises et références connexes
Pour mener à bien cette nouvelle mission, Nomadéis s’appuiera sur son expertise reconnue en matière de gestion de projets internationaux.
Nomadéis dispose en effet de références solides pour le montage et le pilotage de projets d’innovation en lien avec le développement durable, notamment dans le cadre de programmes européens mais aussi en relation avec d’autres bailleurs internationaux, par exemple :
- En 2020, un consortium d’acteurs porté par Ciments Calcia et comportant des industriels, un établissement public d’aménagement et un grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche a mandaté Nomadéis pour l’accompagner dans la structuration d’un partenariat et la préparation d’une candidature en réponse à un Appel à Projets portant sur l’économie circulaire du bâtiment (ADEME, Programme d’investissements d’avenir (PIA) ;
- En 2019, le FFEM a choisi Nomadéis pour accompagner l’Office for Climate Education (OCE) dans l’élaboration d’un ambitieux projet de coopération internationale au Mexique et en Colombie, sur la conception d’un programme d’éducation au changement climatique ;
- Depuis 2017, Nomadéis est le chef de file de 2 projets successifs dans le cadre d’un appel à projets du Programme de Coopération Territoriale européenne Interreg VA France (Manche) Angleterre : Sustainable Bio&Waste Resources for Construction (SB&WRC) de 2017 à 2019, puis Bio and Circular Economy for Resourceful Construction (BIO-CIRC) de 2020 à 2022. Ces projets regroupent plusieurs universités, entreprises, et associations professionnelles françaises et anglaises, avec pour objectif de concevoir et produire des prototypes d’isolants thermiques innovants, sobres en carbone, et issus de matériaux biosourcés et de déchets recyclés ;
- En 2017, Nomadéis a accompagné l’ADEME, l’IDDRI et leurs partenaires dans la conception et la rédaction d’une demande de co-financement au FFEM (appui à la rédaction de la Note d’identification de projet – NIP, puis de la Note d’engagement de projet – NEP) pour un projet de coopération internationale (Brésil, Mexique) visant à élaborer des outils permettant de produire des trajectoires de décarbonation sectorielles dans le secteur privé. Suite à cette mission, le FFEM a confié à Nomadéis une mission d’accompagnement du consortium dans le cadre de sa demande de financement.
- En 2016, Nomadéis a accompagné la DREAL Normandie et ses partenaires pour soumettre une candidature détaillée dans le cadre de la seconde phase de l’appel à projets du programme européen LIFE Integrated Projects, afin de solliciter une subvention de la Commission européenne pour la mise en œuvre du Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) de l’ex-Région Haute Normandie.