Le projet BATIFLUX 5, conçu et développé par Nomadéis avec le soutien de l’ADEME et de la Région Sud, vise à documenter les bonnes pratiques de valorisation matière des déchets du BTP, et de démontrer leur viabilité économique et leur intérêt écologique pour accélérer la transition.
Contexte général
En Région Sud, le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) est le premier émetteur de déchets avec une production estimée à 18,6 millions de tonnes pour l’année 2018, selon l’Observatoire Régional des Déchets (ORD), soit une augmentation de près de 3 millions de tonnes par rapport à 2016.
Les taux de valorisation des déchets du BTP affichés par la région, environ 74 % pour les déchets inertes et non-inertes non-dangereux selon l’ORD PACA, sont alignés sur les ambitions nationales mises en place par la loi TECV de 2015 (qui fixait un taux de valorisation objectif de 70 % des déchets du BTP). Si ces résultats représentent une avancée non-négligeable, plusieurs nuances doivent être soulignées :
- Le taux de valorisation des déchets du Bâtiment reste limité au niveau national (l’ADEME l’estime en 2020 à 46 %) ;
- Les formes de valorisation actuellement employées restent limitées, car elle ne tirent pas le meilleur parti des éléments (matériaux, composants, structures, etc.) issus des chantiers de démolition/déconstruction et de la logique d’économie circulaire (notamment le concassage pour la production de remblais ou de sous-couches) ;
- Les déchets non-inertes non-dangereux présentent des taux de valorisation limités, proches de 40%, comparés aux déchets inertes.
Les nouvelles orientations régionales développées au travers du PRPGD et du SRADDET fixent de nouvelles ambitions fortes en matière de captation, de gestion et de valorisation des déchets. Le SRADDET vise notamment à prévenir la création de déchets et à réduire leur mise en décharge, particulièrement au travers du développement du réemploi, et souhaite atteindre un taux de valorisation des déchets non-inertes non-dangereux de 65%.
Le projet BATIFLUX 5
Le projet Batiflux 5, créé et porté par Nomadéis, a pour ambition de favoriser la déconstruction sélective des bâtiments et la valorisation des matériaux issus des chantiers, avec 4 objectifs principaux :
- Approfondir la faisabilité technique et financière de scénarios vertueux de valorisation matière (par rapport à un scénario tendanciel) ;
- Fournir aux maîtres d’ouvrage et aux maîtres d’œuvre des clés de lecture et des outils d’aide à la décision, pour mieux faire face aux défis rencontrés sur les chantiers de rénovation ou déconstruction/démolition ;
- Inciter les acteurs de la construction à orienter leurs flux de déchets vers les filières de réemploi et de réutilisation ;
- Identifier des exemples opérationnels concrets dans les territoires concernés par l’étude.
Pour les besoins de ce projet, Nomadéis a développé une méthodologie originale qui consistera notamment à :
- Choisir 3 sites d’études représentatifs du parc bâti régional, sur la base d’une grille de critères sur-mesure ;
- Qualifier précisément les matériaux, leurs quantités et leur état à l’échelle des différents sites d’études ;
- Cartographier les flux de matériaux et de déchets et leurs débouchés (diagrammes de Sankey) ;
- Définir des scénarios d’étude : un scénario tendanciel puis un scénario vertueux, et les représenter sous forme d’itinéraires matériaux et déchets ;
- Effectuer un chiffrage des impacts économiques et carbone) de chaque flux par scénario ;
- Sensibiliser les parties prenantes du territoire aux coûts/avantages (économiques mais aussi environnementaux) des différentes options de valorisation.
BATIFLUX : une initiative pluriannuelle
Créée et portée par Nomadéis, la démarche pluriannuelle BATIFLUX vise à établir des diagnostics précis des perceptions, pratiques et attentes des acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment en matière de construction durable.
Nomadéis a ainsi déjà mené 4 études annuelles, soutenues par l’ADEME et les collectivités locales plusieurs territoires français, notamment dans le cadre des appels à projets (AAP) FILIDECHET.
Ces études inédites ont permis de recueillir des données concrètes et objectives sur les pratiques, perceptions et attentes de plusieurs milliers de professionnels (artisans, entreprises du bâtiment, architectes et maîtres d’ouvrage, distributeurs, etc.) :
- BATIFLUX 1 (2015-2016) : mise en œuvre des matériaux biosourcés par les artisans ;
- BATIFLUX 2 (2016-2017) : pratiques de tri et de valorisation des déchets de chantier par les entreprises du bâtiment ;
- BATIFLUX 3 (2018-2019) : adoption de techniques d’éco-conception et intégration de matériaux issus du réemploi / réutilisation par les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre.
- BATIFLUX 4 (2019-2020) : reprise des déchets de chantier et vente de matériaux issus des circuits de l’économie circulaire, par les distributeurs.
Il ressort notamment de ces projets que même si les acteurs se déclarent sensibles aux enjeux d’économie circulaire, ils ne sont pas suffisamment engagés dans des pratiques vertueuses (gestion des déchets, achat de matériaux recyclés, écoconception, etc.).
De nombreux freins doivent encore être levés (surcoût financier réel ou perçu, manque de visibilité des offres existantes, manque d’information sur les caractéristiques techniques des matériaux valorisés, etc.), et un effort massif est requis en matière de sensibilisation de tous les acteurs.
Les volets précédents de la démarche BATIFLUX ont permis d’identifier plusieurs leviers de développement de l’économie circulaire du bâtiment, tels que :
- Démontrer la viabilité technique et économique du réemploi/réutilisation ;
- Disposer d’exemples opérationnels (tels que des bâtiments démonstrateurs ou des chantiers modèles), pour asseoir la faisabilité technique des filières de valorisation mais aussi contribuer à l’effort de sensibilisation ;
- Poursuivre l’effort de sensibilisation des acteurs aux solutions de réemploi, réutilisation et recyclage par des analyses coûts/avantages bien documentées.