Le secteur du bâtiment, durant les phases de construction, d’exploitation puis de fin de vie, fait face à de nombreux défis liés à la raréfaction des ressources, l’efficacité énergétique et l’empreinte carbone.
En effet, d’une part les matériaux de construction conventionnels sont très consommateurs en ressources non renouvelables et responsables d’émissions de gaz à effet de serre (GES) non négligeables pour leur fabrication, et d’autre part l’environnement bâti représente environ 34 % des émissions de CO2 au Royaume-Uni et 30% en France, le chauffage représentant en particulier 69 % (Royaume-Uni) et 60 % (France) de la consommation d’énergie d’un bâtiment.
Le développement de produits d’isolation bas-carbone issus de co-produits agricoles ou de déchets, s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire, permet donc d’apporter une réponse concrète à ces différents défis.
Le projet BIO-CIRC fait suite au projet Sustainable Bio and Waste Resources for Construction (SB&WRC, 2017-2019), conçu et piloté par Nomadéis en tant que Chef de file et qui réunissait 8 partenaires (instituts de recherche, médias sociaux et entreprises).
SB&WRC visait à concevoir, produire et tester 3 prototypes d’isolants thermiques innovants bas-carbone issus de bioressources et de déchets disponibles localement et actuellement peu ou non valorisés.
Ce projet visait également à favoriser la dissémination de ces prototypes sur le marché, en diffusant les résultats auprès des professionnels français et britanniques du secteur du bâtiment, et en menant des actions de sensibilisation sur les avantages de l’utilisation de matériaux de construction à base de biomasse et de déchets.
Les résultats ont été à la hauteur des ambitions du projet, aboutissant au développement de 3 prototypes fabriqués à partir de moelle de maïs, de polyester issu de couettes usagées et de paille de blé, présentant tous une empreinte carbone d’au moins 30 % inférieure (et jusqu’à 90 % inférieure) à celle des laines de roche et de verre généralement employées dans l’isolation thermique des bâtiments.
Lors de ce projet, les partenaires avaient également mis l’accent sur la sensibilisation des professionnels du bâtiment. C’est ainsi que deux communautés en ligne ont été créées et continuent de porter les ambitions du projet.
Capitalisant sur leur expérience et les données produites lors du projet SB&WRC, Nomadéis, ASBP, Eden Renewable Innovations et Back to Earth souhaitent poursuivre la promotion de la construction durable par l’utilisation de matériaux d’isolation issus de bioressources et de déchets locaux et non-valorisés. Une volonté matérialisée par la conduite d’un nouveau projet, BIO-CIRC, dans le cadre du programme Interreg FMA.
Le Programme Interreg VA France (Manche) Angleterre est un programme transfrontalier de coopération territoriale européenne qui vise à soutenir le développement de la zone France (Manche) Angleterre, en accord avec les objectifs de la stratégie Europe 2020 pour la croissance et l’emploi, ainsi que pour une croissance intelligente, durable et inclusive.
Ce programme est structuré autour de 3 Priorités, divisées en 5 Objectifs Spécifiques. Le projet BIO-CIRC s’inscrit dans la Priorité 2 et l’Objectif Spécifique 2.1, relatifs au développement de technologies sobres en carbone :
Le projet SB&WRC a permis de démontrer que le polyester issu de couettes usagées présente une conductivité thermique d’environ 0,043 W.m-1.K-1, dans la gamme de valeurs typique des produits d’isolation du marché. La fibre de polyester, en tant que dérivé pétrochimique, semble également posséder des propriétés hygrométriques supplémentaires que les fibres naturelles n’ont pas (résistance à l’eau et durabilité en conditions humides notamment), élargissant par là-même la gamme d’usages finaux des isolants en fibres naturelles et recyclées (IFNR).
Capitalisant sur les résultats du projet SB&WRC, BIO-CIRC entend aller plus loin dans la démarche industrielle en passant d’un prototype basé sur la réutilisation de couettes usagées à un produit de recyclage.
Le projet BIO-CIRC vise ainsi notamment à adapter un procédé industriel de transformation de fibre existant, la refibration, aux fibres de polyester issu de couettes usagées.
Cette approche de recyclage a été adoptée afin d’offrir un produit standardisé, facilement commercialisable et reproductible. Plusieurs prototypes avec diverses combinaisons de fibres naturelles (polyester seul ou en mélange avec de la laine de mouton ou de chanvre, de la cellulose recyclée, etc.) seront développés et testés.
Le projet s’inscrit ainsi dans la continuité des dynamiques enclenchées des 2 côtés de la Manche respectivement par le Waste and Resources Action Programme (WRAP) anglais et par Eco-mobilier (l’éco-organisme français en charge de la gestion de la fin de vie des éléments d’ameublements).
Objectif : identifier des débouchés pour les déchets de Produits Rembourrés d’Assise et de Couchage (PRAC – étant soumis au régime de la Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) depuis octobre 2018 en France).
Ces déchets n’ont en effet pour le moment que peu ou pas de débouchés valorisant la matière (enfouissement dans la majeure partie des cas ou valorisation énergétique pour certains produits). Le polyester usagé issus de PRAC représente donc une ressource peu ou non valorisée et qui présente un potentiel de recyclage particulièrement intéressant.
Le projet BIO-CIRC, conçu pour une durée de 2 ans avec un budget de 500 000 euros dont 80% cofinancés par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), s’est fixé 5 objectifs principaux :
L’intention des partenaires est de faire progresser le niveau de maturité technologique (Technology Readiness Level – TRL) des produits du niveau 2 (formulation du concept technologique) au niveau 6 (démonstration de la fonctionnalité dans un environnement pertinent). Ces produits auront des propriétés hygrothermiques compétitives et une empreinte carbone d’environ 30% inférieure à celle d’isolants standards (laines de verre et de roche).
Les partenaires du projet publieront en libre accès les résultats du projet (dossier industriel, analyses techniques, logistiques, économiques et environnementales, stratégie marketing) afin de permettre aux industriels intéressés de se saisir du sujet.
Par la mise en réseau, le projet BIO-CIRC participera à créer les conditions permettant aux acteurs britanniques et françaises de la filière, des gestionnaires de déchets locaux aux fabricants industriels, d’établir des connexions durables le long de la chaîne de valeur. La formation de ces synergies permettra l’émergence d’une stratégie d’économie circulaire au sein du secteur de la gestion des déchets de literie et de sécuriser un approvisionnement futur en matière première abordable pour la production de l’isolant refibré par les industriels.
Pour favoriser l’adoption des IFNR, les partenaires effectueront une analyse approfondie de la structure du marché en France et en Angleterre, centrée sur la zone FMA, une revue de la littérature sur les bénéfices des IFNR (qualité de l’air, santé des occupants, conditions de mise en œuvre sur chantier), ainsi qu’une étude de l’impact du développement de chaînes de production sur l’emploi local.
Pour cet objectif, les partenaires mettront en place une communication web efficace, animeront des réseaux sociaux et médias en ligne dédiés, et produiront des contenus de sensibilisation (vidéos, etc.) et de formation. Les partenaires assureront également la promotion des produits développés et de la construction durable en générale lors d’événements thématiques (conférences, salons, etc.).
Les résultats attendus du projet BIO-CIRC sont les suivants :
Contribuer à l’émergence d’alternatives à faible émission de carbone pour les produits de construction, en :
Réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la zone du Programme France (Manche) Angleterre, en :
Détourner les déchets de couettes et oreillers en polyester de la mise en décharge ou de l’incineration et favorisant leur recyclage en :
Le projet BIO-CIRC est une initiative de coopération franco-anglaise qui regroupe 4 maillons clés et complémentaires de la chaîne de valeur du bâtiment, avec un objectif clair d’innovation :
Les partenaires du projet ont reçu le soutien de nombreux autres partenaires, parmi lesquels :
France :
Royaume-Uni :
Belgique :