La qualité de l’air intérieur constitue un défi mondial de plus en plus reconnu en matière de santé publique. Il s’agit d’un bien commun dont la bonne gouvernance collective devient une priorité publique dans de nombreuses régions du monde.
Aujourd’hui, selon la Climate & Clean Air Coalition (CCAC, coalition internationale pour le climat et l’air propre), 3 milliards de personnes (soit plus de 40 % de la population mondiale) n’ont toujours pas accès à un éclairage, à des combustibles et à des technologies propres dans leurs foyers, avec un impact majeur sur la qualité de l’air intérieur.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2016, 3,8 millions de personnes sont décédées à cause de la pollution de l’air intérieur. En France, le coût estimé de cette pollution s’élèverait à 19 milliards d’euros par an et on estime à 20 000 le nombre de décès prématurés dus aux six principaux polluants intérieurs (source : AirParif).
Pendant un an, entre janvier 2019 et janvier 2020, Nomadéis et l’Institut Veolia ont travaillé conjointement, dans le cadre d’un partenariat inédit, pour recueillir plus de 60 témoignages de chercheurs, experts internationaux et entrepreneurs.
Objectif : mieux appréhender les multiples facettes d’un sujet complexe, mais aussi mieux comprendre les perceptions, les attentes, les pistes de solutions et les mesures de remédiation existantes ou à l’étude.
Les opinions publiques ignorent encore assez largement que l’air intérieur est bien souvent plus pollué que l’air extérieur, en raison par exemple des produits d’entretien utilisés quotidiennement, des émanations des revêtements, des problématiques de ventilation et d’aération, etc.
Derrière les chiffres, que sait-on aujourd’hui des sources de la pollution de l’air intérieur à travers le monde ? Quelles problématiques se posent selon les espaces concernés ? Comment mesure-t-on concrètement la qualité de l’air d’un bâtiment ? Quelles solutions existent pour l’améliorer et la préserver ?
La première partie vise à rappeler que la qualité de l’air intérieur constitue un problème complexe, qui résulte de l’interaction de multiples facteurs : polluants chimiques, activité industrielle, comportements de vie, etc. Il s’agit ainsi de caractériser le phénomène de la pollution de l’air intérieur tel qu’il se décline dans divers contextes (chez les particuliers, sur un lieu de travail, dans un habitacle de voiture ou sur un quai de métro, par exemple).
Cette partie introductive passe également en revue les nombreux effets sanitaires que peut avoir une mauvaise qualité de l’air intérieur et souligne l’importance de favoriser l’accès à des sources d’énergie moins polluantes et nocives pour la santé, particulièrement dans les pays en développement.
La seconde partie de la revue se penche sur les pistes de solutions à explorer pour affronter le problème de la pollution de l’air intérieur, notamment dans le secteur du bâtiment, dont la performance énergétique (renforcée par des procédés d’étanchéité de l’air) est malheureusement souvent l’une des causes de la mauvaise qualité de l’air intérieur. Les solutions à prendre en compte relèvent par exemple de l’architecture, des équipements ou encore des modes d’exploitation des bâtiments.
Il est donc crucial de développer des solutions permettant de concilier performance énergétique et qualité de l’air intérieur, que cela soit lors de la conception du bâti ou tout au long de l’exploitation d’un bâtiment. Innover en matière de qualité de l’air signifie développer des solutions « high tech » (capteurs, applications, automatisations), mais aussi promouvoir des solution « low tech », souvent basées sur la nature comme par exemple la phytoremédiation (purification de l’air et de l’eau par les plantes et leurs microorganismes).
Enfin, la troisième partie s’intéresse à l’information et la sensibilisation autour des enjeux liés à la qualité de l’air intérieur, étapes essentielles pour diffuser à grande échelle les solutions les plus prometteuses et pour accompagner des politiques publiques efficaces en matière de lutte contre la pollution.
C’est en ce sens que la Climate & Clean Air Coalition (CCAC, coalition internationale pour le climat et l’air propre) met en œuvre, soutient et relaie des projets innovants pour lutter contre la pollution de l’air intérieur à travers le monde.
Dans un autre registre, des artistes engagés s’emparent de l’espace public pour y exposer un art climatique qui aide à rendre plus perceptibles les dangers de la pollution de l’air intérieur et qui incite le spectateur à modifier ses comportements.
La publication conjugue approches transversales et études de terrain, dans de grands pays émergents (Inde, Mexique, Chili, Chine…) mais aussi dans des pays industrialisés (Etats-Unis, Canada, Belgique, République tchèque, etc.).
Animée par Cédric Baecher, Directeur associé et cofondateur de Nomadéis, cette conférence-débat organisée le 6 mars 2020 au siège de Veolia a réuni un grand nombre participants de tous profils (grandes entreprises, représentants des pouvoirs publics, secteur associatif, enseignement et recherche, etc.) autour notamment de Nicolas Renard (Institut Veolia), Séraphine Haeussling (responsable des programme de la Climate & Clean Air Coalition et ancienne experte au sein de la Banque Mondiale), Corinne Mandin (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, CSTB), Benjamin Ficquet (Icade), Sabine Fauquez et Frédéric Bouvier (Veolia OFIS).
Les enjeux internationaux mais aussi européens et spécifiquement français de la qualité de l’air intérieur ont été abordés dans les débats, avec une mise en perspective des liens entre changement climatique, pollution de l’air extérieur et intérieur.
La conférence a également permis de faire le point sur les données les plus récentes concernant l’analyse des nouvelles sources de pollution dans les logements mais aussi dans les bureaux et espaces tertiaires, et leurs impacts sur la santé (avec notamment le cas des nouveaux polluants et des perturbateurs endocriniens).
Enfin, des bonnes pratiques et des exemples de solutions concrètes, d’expérimentations et d’innovations technologiques dans différents types de bâtiments (bureaux, écoles, hôpitaux, etc.) ont également été présentés, ainsi que les enjeux associés en matière de politiques publiques. Avec notamment pour objectif de préfigurer les nouvelles offres en cours d’émergence sur le marché, mais aussi les évolutions prévisibles du contexte réglementaire.
Visionner la vidéo de la Conférence de restitution
La Climate & Clean Air Coalition (CCAC, coalition internationale pour le climat et l’air propre) est une initiative lancée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en 2012 réunissant des gouvernements, des organisations internationales, des instituts de recherche ainsi que des membres de la société civile et du secteur privé. Ensemble, ces acteurs s’engagent à lutter contre le changement climatique et à améliorer la qualité de l’air au cours des prochaines décennies en intervenant auprès de différents secteurs pour réduire les polluants climatiques à courte durée de vie (PCDV). La Coalition fait office de catalyseur en faisant connaitre et en mettant en œuvre des solutions immédiates pour lutter contre ces polluants. Elle s’efforce ainsi de déterminer, de promouvoir et d’appuyer les meilleures initiatives et les meilleurs projets en matière de qualité de l’air.