9 régions (périmètre pré-réforme territoriale de 2016) ont participé à l’enquête et 2 700 entreprises artisanales du bâtiment ont répondu au questionnaire administré par les équipes de Nomadéis en Champagne-Ardenne, Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aquitaine et Limousin.
Les matériaux biosourcés sont des matériaux issus de la biomasse végétale ou animale. Bénéficiant de réels atouts environnementaux dans le domaine de la construction, ces matériaux peuvent apporter des réponses durables aux attentes d’un secteur particulièrement consommateur d’énergie et de matières premières, tout en s’appuyant sur des filières économiques locales à fort potentiel de croissance. Ils ont à ce titre été identifiés en 2010 comme l’une des 19 filières vertes d’avenir porteuses de croissance et d’emplois par le Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer.
Dans une logique d’économie circulaire appliquée au bâtiment, les matériaux biosourcés représentent de nouveaux relais de croissance respectueux de l’environnement, tout comme la mobilisation de déchets valorisables pour la construction (qui font l’objet d’un second volet de l’enquête, en cours de développement, cf partie « suite de l’enquête »). Ces deux perspectives font par ailleurs l’objet d’articles de loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (août 2015).
Si la part du marché de l’isolation détenue par les matériaux de construction biosourcés est d’environ 6 à 8% (Nomadéis, 2012), leur développement est freiné par un certain nombre d’obstacles de différentes natures : manque d’information sur l’attractivité des filières, problème de structuration des filières à l’échelle locale, formation et mobilisation des acteurs de la mise en œuvre, etc.
L’enquête inter-régionale menée en France par Nomadéis visait à mieux appréhender les perceptions, les pratiques et les attentes des entreprises artisanales du bâtiment, acteurs indispensables au développement de l’offre de matériaux de construction biosourcés.
Une meilleure connaissance de leur positionnement par rapport à ces matériaux (compétences, utilisation) permet en effet de guider les partenaires nationaux et régionaux dans la formulation de recommandations innovantes pour structurer et développer les filières de matériaux biosourcés dans les territoires.
Les résultats de l’enquête montrent que les ressources les plus utilisées (en dehors du bois d’œuvre) sont les dérivés de fibres de bois (particulièrement en Nord-Pas-de-Calais), le chanvre (notamment en Aquitaine) et la ouate de cellulose (notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Les matériaux biosourcés sont identifiés comme une réponse aux enjeux du développement durable : en termes de ressources, près de 45% des entreprises du Limousin, de la Haute et Basse Normandie et de la Champagne-Ardenne affirment que leur région présente un fort atout pour la valorisation des ressources locales, ce qui engage au développement des circuits courts de production.
On note d’ailleurs la présence d’un tissu local de distributeurs de matériaux biosourcés (à titre d’exemple, les entreprises de la Champagne-Ardenne s’approvisionnent à 41% dans un rayon de moins de 50km du chantier).
Les chantiers faisant appel aux matériaux biosourcés sont principalement des chantiers menés par des particuliers (92%). La plupart sont des chantiers d’entretien et de rénovation (61%).
Les entreprises mettant en œuvre des matériaux biosourcés sont engagées dans des démarches de certification de leurs prestations (efficacité énergétique et environnementale – 47% des entreprises mettant en œuvre des matériaux biosourcés ont une certification contre 26% seulement pour celles qui n’en mettent pas en œuvre).
Si la principale motivation des entreprises artisanales à mettre en œuvre des matériaux de construction biosourcés est la demande exprimée par la maîtrise d’ouvrage, près d’un tiers des entreprises utilisant des matériaux biosourcés le font en raison de convictions écologiques.
De plus, l’utilisation de ces matériaux est synonyme pour les entreprises interrogées de la recherche d’une démarche de qualité, et représente un avantage concurrentiel.
Les entreprises artisanales du bâtiment souhaitent proposer des produits à des prix plus compétitifs : 74% des répondants estiment que le surcoût à l’achat explique la réticence de certains maîtres d’ouvrage à utiliser des matériaux biosourcés.
Les entreprises souhaitent également être mieux informées (une entreprise artisanale sur trois ne mettant pas en œuvre les matériaux biosourcés ne les connait pas), en particulier concernant les caractéristiques techniques et les spécificités de mise en œuvre.
Parmi les autres leviers, on note la disponibilité (facilité et régularité d’approvisionnement), ainsi que la commande publique dans une logique d’exemplarité (près de la moitié des entreprises se déclarent prêtes à se positionner sur un marché public qui encouragerait le recours aux matériaux de construction biosourcés).
Les résultats de l’enquête sont encourageants pour les filières concernées : la perception des matériaux biosourcés est positive (seulement 1% des acteurs interrogés ont une vision critique des matériaux de construction biosourcés) et plus de la moitié des entreprises interrogées dans chaque région estiment que leur mise en œuvre constitue une tendance de long terme.
De plus, près de la moitié des entreprises artisanales du bâtiment interrogées mettent déjà en œuvre des matériaux de construction biosourcés sans être nécessairement spécialisées (62% des entreprises mettant en œuvre de matériaux biosourcés le font sur moins de 10% de leurs chantiers), et 42% d’entre elles font état d’une augmentation de la part de chantiers recourant à ces matériaux.
Depuis la présentation initiale des premiers résultats de l’enquête au Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer (MEEM) le 16 février 2015, Nomadéis et ses partenaires ont participé à plus de 10 évènements de restitution des enseignements à Paris et dans les territoires (comités de pilotage, salons et forums dédiés, journées professionnelles, etc.).
Les rapports d’analyse des résultats de l’enquête inter-régionale et des enquêtes régionales sont disponibles au téléchargement aux liens suivants :
La plateforme d’enquête inter-régionale sur les perceptions, pratiques et attentes des entreprises artisanales du bâtiment est encore ouverte. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez que l’enquête soit menée à l’échelle de votre territoire (région, département, autre).
Nomadéis peut également restituer les résultats de l’enquête dans le cadre de vos démarches d’animation et de sensibilisation par exemple en lien avec la thématique « bâtiment à faible impact environnemental ». N’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos besoins.
Par ailleurs, Nomadéis lance en 2017 une seconde phase d’enquête sur le recyclage et la fin de vie des matériaux de construction auprès d’un nouveau groupe de régions pilotes.
Plusieurs régions ont d’ores et déjà exprimé leur souhait de s’impliquer dans ce nouveau projet, afin de bénéficier de la dynamique engagée et de ses retombées économiques, sociétales et environnementales.
Cette seconde phase d’enquête vise notamment à contribuer aux dynamiques de structuration des filières de collecte et valorisation des déchets de chantiers, en appréhendant, de manière objective, le positionnement et les attentes des professionnels du bâtiment par rapport aux pratiques de collecte et de valorisation des déchets de chantier (motivations et pratiques de tri des déchets, utilisation de matériaux recyclés, principaux freins identifiés, etc.).
Pour en savoir plus :
nicolas.dutreix@nomadeis.com (06 62 28 39 17)